Le vaudou persécuté.
Cependant, Haïti voulait rentrer au sein des nations civilisées, pour lesquelles le fétichiste est un signe de barbarie. Le Vaudou fut donc persécuté. Pendant l’occupation américaine, qui commença en 1912 pour prendre fin en 1935, ces interdits furent encore accentués par ordre du président Borno. Les adorateurs des dieux de Guinée, pris en flagrant délit, étaient arrêtés et condamnés à des peines diverses d’emprisonnement. Ces mesures, au lieu d’étouffer le Vaudou lui insufflèrent au contraire une force neutre, celle de la clandestinité.
Il fallut attendre le départ des troupes américaines pour que, sous l’égide libérale du Président Vincent, les mesures répressives fussent rapportées. De Culte interdit, le Vaudou devint culte toléré.
À présent que les persécutions ont disparu, un courant de sympathie à l’égard du Vaudou se dessine même parmi l’élite intellectuelle haïtienne. Car beaucoup le considèrent comme un lien garantissant l’unité de la nation. Pour d’autres au contraire, qui renient leurs origines africaines, le culte des « esprits » de Guinée demeure un stigmate de barbarie qui doit à tout prix être effacé.